Idées non reçues
Idées et concepts divers, une bouteille à la mer.
De la nature du temps, lettre à un scientifique, sans réponse.
Lettre envoyée le 10 mars 2024 dans une version plus brève. Sans réponse. Texte complet ci-dessous.
Mr XXX
Une chose m'interroge concernant le temps après avoir écouté plusieurs de vos interventions sur de multiples domaines (temps, espace temps, expansion de l’univers notamment)
Cela peut sembler naïf, mais pourquoi ne pas considérer que le temps tel que nous l'entendons habituellement n'existe pas. Que les uniques choses liées à ce que nous percevons comme "le temps" et qui existent réellement sont les propriétés, interactions, et changements d'états physiques régissant l'univers, à un niveau sub-atomique. Que ce que nous considérons comme le temps ne soit donc qu’une perception, voire plus précisément la traduction observable à notre échelle (et localement) des interactions et changements d'états physiques régissant l'univers.
En tant qu'êtres humains nous percevons ces interactions et changements d'états physiques à une échelle qui mène à notre concept de temps. Le temps perçu par d'autres corps (quelle que soit la définition d’un corps) pouvant donc être éventuellement (et étant même probablement) différent, en fonction de l'échelle de perception que ces corps ont des changements et interactions d'états physiques sub-atomiques.
L'on peut aussi émettre l'hypothèse que les interactions et changements d'états physiques sub-atomiques ne soient pas aléatoires mais suivent un chemin optimal, ou favorisant la survie, quelle que soit la signification de la survie pour un corps donné. (Il est aussi envisageable que les interactions et changements d'états physiques régissant l’univers à un niveau sub-atomique aient pour cause l’expansion de l’univers, impliquant donc que le chemin optimal suivi par les interactions et changements d'états physiques sub-atomiques soit fonction lui même du chemin optimal macroscopique de l’expansion de l’univers). L'hypothèse que les interactions et changements d'états physiques sub-atomiques ne soient pas aléatoires mais suivent un chemin optimal pourrait ainsi expliquer la réplicabilité des phénomènes physiques et notre capacité à prédire le “futur” (soit, en utilisant la définition proposée du temps, les prochaines interactions et changements d'état physiques) localement et à court terme (par exemple, une pomme se détachant de sa branche tombe) car nous avons pu assimiler le chemin optimal des prochaines interactions et changements d'états physiques (dans un futur proche et local) à notre échelle, et pour un certain nombre de ces interactions et changements d'états, fonction de nos capacités de perception.
Les points précédents impliquent l’existence de la mémoire qui me semble aussi totalement compatible avec la définition proposée du temps (qui rappelons-le consiste en une perception, voire plus précisément à la traduction observable à notre échelle et localement des interactions et changements d'états physiques). En effet, et partant du principe que nous sommes capables localement et à une échelle restreinte non seulement de percevoir mais aussi de façonner des interactions et changements d'états physiques (ce que notre cerveau effectue pour chaque courant électrique qu’il génère, ou ce que nos usines effectuent sans même que nous nous posions cette question en transformant des matériaux), notre cerveau, dans sa propre transformation, crée les interactions et changements d'états physiques nécessaires lui permettant d'intégrer une rémanence des dernières interactions et changements d'états perçus à son échelle et localement. D’un certain point de vue, l’on pourrait même articuler que le cerveau, en provoquant localement et à son échelle des interactions et changements d'états physiques, crée un segment de conditions de perception du temps. La définition de ce qu’est un être vivant ne serait-elle donc pas finalement celle-ci? Un corps capable de façonner à une échelle donnée, localement, et de manière autonome, des interactions et changements d'états physiques, et donc des segments de perception du temps.
Il me semble que la définition du temps proposée ici permet de même d'expliquer de multiples autres phénomènes de manière élégante.
Un seul exemple pour illustrer: il est souvent dit que lors d'un événement générant une frayeur hors norme, un être humain "voit sa vie défiler devant lui". Cela semble parfaitement explicable par la définition du temps donnée ici.
En effet, admettant que ce que nous nommions le temps soit donc uniquement la traduction observable à notre échelle, et localement, de notre perception des interactions et changements d'états physiques régissant l'univers, alors l'on peut considérer qu'une frayeur hors norme produise une réaction amenant à un changement d'échelle de notre perception de ces interactions et changements d'états physiques, et donc produise effectivement une perception de dilatation locale et individuelle de ce que nous nommons le temps (ou plus précisément, nous serions dans ce cas capables de percevoir les interactions et changements d'états physiques à une échelle plus granulaire)
Il me semble que de nombreux phénomènes, y compris non anthropocentrés, peuvent être confrontés et expliqués par une conceptualisation similaire.
Un autre point me semblant intéressant en considérant la définition du temps proposée est que celle ci permet d'admettre une variabilité dans la fréquence des interactions et changements d'états physiques de l'univers, tout en n'excluant pas notre perception d'un temps linéaire et stable dans son "écoulement". En effet, admettons le cas extrême d'une "stase universelle" (absence totale et au moins locale des interactions et changements d'états physiques de l'univers), alors la résultante de cette stase à notre échelle de perception se traduit simplement par l'absence de temps écoulé perçu (cela me semble fonctionner aussi avec des cas moins extrêmes de variabilité dans la fréquence des interactions et changements d'états physiques de l'univers)
Autre point plus polémique encore peut être: il me semble que la définition proposée permet effectivement l'acceptation des "voyages dans le temps", sous réserve d'ajuster notre définition de ce que représenterait un voyage dans le temps, soit "effacer les effets du temps" a une échelle locale et pour un corps donné.
Admettant toujours la définition du temps proposée, il pourrait être conceptuellement possible (même si pratiquement impossible à ce jour) de rendre compte de l'ensemble des interactions et changements d'états physiques affectant un corps donné, et si notre faculté à comprendre et façonner les interactions et changements d'états physiques (à un niveau subatomique) le permettait un jour, de permettre donc la réversibilité de ces interactions et changements d'états physiques, ce qui correspondrait effectivement à "faire remonter le temps" localement à ce corps.
Point de vue peut être naïf, mais si vous lisez cet email, je serai curieux de votre retour
Cordialement